Clairière UXELLIA

NOTRE CLAIRIERE UXELLIA CELEBRERA AMBIUOLCAIA LE 24 FEVRIER 2024 è.v.

Réflexions sur les Cinq Eléments (5)

Réflexions sur les Cinq Eléments

 

(4ème partie)

 

L’Air

 

Que représente le Principe de l’Air, sinon celui du Mouvement ?

On ne sait d’où il vient, ni même où il va. Même sans mouvement apparent, on sait qu’il ne reste pas immobile, mais est au contraire un tourbillonnement incessant de particules généré par d’innombrables facteurs : différences de pressions, différences de températures, humidités relatives, masses rocheuses ou montagneuses, mais aussi incidence de la vie et de la respiration des règnes végétal, animal, et humain.

 

Le rayonnement lumineux lui-même, comme la chaleur, a une action sur ce mouvement, tout comme la composition de l’air a son action sur la lumière. Voir par exemple les arcs en ciel produits par l’humidité en suspension après une forte pluie lors de la réapparition du soleil.

 

A priori incolore, inodore et sans saveur, l’air (physique, « matériel ») est néanmoins porteur d’une infinité de matières diverses qui, bien qu’extrêmement ténues, sinon impalpables, n’en sont pas moins présentes.

 

On ne le voit pas, mais on peut mettre sa présence en évidence. Néanmoins, on ne peut le saisir, car étant élastique, extensible, comprimable, présent en tout et en toutes choses, jusqu’à la plus microscopique particule.

 

S’il est donc invisible, sa présence – ou son absence – peut être perçue par ses effets. Sans lui, pas de vie possible sur Terre. La respiration, donc la vie, des végétaux, comme celle des animaux et des humains, en est dépendante.

 

Mais bien que semblant immatériel, il est agent de transport, de transmission. Bien que lui-même inodore, il peut véhiculer les odeurs. Bien que lui-même « immatériel », il sert à véhiculer les sons, car sans lui, la propagation sonore ne peut se faire. Ce qui veut donc dire que l’air est empli de matière sans laquelle aucun transfert d’aucune sorte ne peut avoir lieu.

 

Le symbole alchimique de l’Air est :

symbole-eau.png

Comme chacun sait, la théorie des Quatre Eléments nous vient de la Grèce antique, et nous a plus particulièrement été transmise par Aristote. Ils sont traditionnellement représentés par des triangles : deux ayant la pointe en bas (la Terre et l’Eau), et deux pointe en haut (l’Air et le Feu).

  • la Terre, symbole:     symbole-terre.png

  • l'Eau, symbole:          symbole-eau.png

  • l'Air, symbole:           symbole-air.png

  • le Feu, symbole          symbole-feu.png

Les triangles identiquement posés pointe vers le haut marquent la volatilité des Eléments Air et Feu.

Et comme un – petit – détour par l’Alchimie occidentale n’est jamais néfaste, nous pouvons lire ce qui suit, dans l’Atalante Fugitive (Atalanta Fugiens) de Michael Maïer, en correspondance avec notre sujet :

 

« Le vent l’a porté dans son ventre », comme s’il disait : « Celui dont le père est le Soleil, le la Lune sa mère, avant d’être produit à la lumière, sera porté par des fumées de vent, comme l’oiseau par l’air pendant qu’il vole ».

La coagulation des fumées ou vents (qui ne sont rien d’autre que l’air mis en mouvement) produit l’eau qui, mélangée avec la terre, donne naissance à tous les minéraux et les métaux.

 

Une fois de plus, on voit l’étroite relation existant entre les Quatre Eléments et les unissant.

 

Ces Quatre Eléments peuvent se voir répartis selon leur ordre naturel : la Terre, puis l’Eau, puis l’Air, et  enfin le Feu. Ils ont leurs qualités propres. Si l’on s’en réfère au tableau déjà donné dans un article précédent, on voit que les qualités de l’Air sont « chaud » et « humide ».

 symbole-4-éléments.png

 

On associe bien naturellement l’Air au Souffle, tant humain que divin.

Au premier souffle, à sa première inspiration de l’enfant nouveau-né, l’air pénètre dans les poumons et fait se déployer les alvéoles pulmonaires. Premier souffle, premier cri.

 

Lorsque l’individu se désincarne, lorsqu’il quitte son enveloppe charnelle, il rend son dernier souffle lors de sa dernière expiration. C’est un lieu commun de dire qu’il expire. Et en même temps, il rend l’âme selon l’expression consacrée.

Qui d’ailleurs a assisté aux derniers instants d’un moribond peut en témoigner : c’est un fait saisissant de voir la poitrine s’abaisser une dernière fois sans plus jamais se relever. Plus aucun bruit, plus aucune vie, l’immobilité, le froid progressif qui s’installe.

 

Entre ces deux instants extrêmes, le premier et le dernier souffle, une alternance d’inspirs et d’expirs, un flux ininterrompu

 

Des textes anciens nous relatent le pouvoir des Druides sur les éléments. Sur la terre, sur l'eau, sur l’air, et sur le feu. Attachons-nous ici à l’air, et plus précisément, sur le vent et le brouillard.

Car le « vent druidique » est l’un des aspects de la magie des Druides. Nous en trouvons mention dans la littérature épique d'Irlande.

 

Par exemple, c’est par ce pouvoir que les Druides des Tuatha Dé Danann se sont opposés au débarquement des fils de Mil en Irlande.

 

Souvenons-nous que les Triades bardiques, également appelées Triades théologiques, nous viennent d'Irlande, et ont été mises par écrit pour la première fois au cours du XVI° siècle.

 

Le manuscrit d'origine s'intitule "Cyfrinach Beirdd Ynys Prydain".

lettrine-lebor1.gif

Le Livre "Lebor Gabala" (le Livre des conquêtes d'Irlande, ou "Lebor Gabala Erenn" dans son titre complet) nous donne une description du "vent druidique", avec sa violence, sa soudaineté, et les importants dégâts qu'il peut causer.

 

Mais ce récit nous exprime également la surprenante précision des effets de ce vent, puisque les bateaux visés par les Druides sont secoués avec violence, dans le but de les disperser, alors qu’au-dessus d’eux, c’est-à-dire au-dessus de leurs mâts, règne le calme.

 

Les Fils de Mil se rendirent donc de Tara au port d’Inber Scene et ils s’éloignèrent en mer jusqu’à la distance de neuf vagues. Les Druides d’Irlande les poursuivirent d’un vent druidique, si bien que le sable fut soulevé du fond jusqu’à la surface de la mer. La tempête déchaînée contre eux était si violente que le vent les poussa vers l’Ouest, et ils étaient las.

« Cela est un vent druidique », dit Donn, flis de Mil. « S’il n’y a pas de vent au-dessus de la voile », dit « Amorgen, c’en est un. »

Eranann, le plus jeune fils de Mil, monta au mât et dit qu’il n’y avait pas de vent au-dessus de la voile ; il tomba aussitôt…

 

Il s’agit donc d’une tempête violente, mais extrêmement maîtrisée et localisée.

Mais il convient d’établir la distinction entre le vent druidique du souffle druidique qui lui, peut servir à créer l’illusion, mais aussi autant à altérer la santé de celui à qui il est destiné qu’à le guérir (comme en principe chaque Ovate devrait savoir le faire, puisque son rôle premier est d’être thérapeute).

C’est ainsi que dans le récit du Siège de Druim Damhghaire, le souffle druidique est employé de la manière suivante pour semer la confusion chez l’ennemi :

 

Comme les deux Druides finissaient leur entretien et prédisaient un triste destin à l’armée, les valets, les chiens et les palefreniers les entendirent et avertirent Cormac.

Cormac dit :

« Allez, tuez l’un des Druides et frappez l’autre jusqu’à ce qu’il n’ait plus qu’un peu de vie ! ».

Les Druides eurent révélation du danger et se séparèrent. Cithruadh rentra au camp sous un déguisement pour ne pas être reconnu. L’autre s’en alla vers le sud, tourna par trois fois son visage vers l’armée et, grâce à sa puissance magique, envoya sur elle un souffle druidique. Tous les guerriers reçurent aussitôt son apparence et sa forme : tous eurent comme lui l’allure imposante et la tête grise, en sorte que, lorsqu’ils traversèrent le fleuve à la poursuite du Druide, ils se mirent à s’entre-massacrer. Ils se scalpaient, se frappant mutuellement au front et au visage, car chaque combattant prenait tout homme qu’il voyait pour le Druide ».

 

D’autres relations nous parlent d’ennemis transformés en pierres par la simple vertu de ce souffle.

 

Mais autant que le vent, c’est le brouillard que semblent avoir manipulé ou maîtrisé les Druides.

Tout au moins, d’après les narrations qui nous en sont faites.

Alors que le vent druidique sert à disperser ou à illusionner les adversaires, le brouillard druidique, lui, permet au Druide de se dissimuler ;  de dissimuler un tiers comme lorsque Cu Chulainn, Conall Cernach et Loegaire doivent affronter le géant qui en surgit ; et même de masquer l’approche de toute une armée, comme nous le relatent les annales irlandaises.

 

Dans ce cas, nous avons dans le brouillard l’association des éléments Air et Eau.

 

Certains l’associent à la « farine de l’Air », un cinquième Elément, mais rien n’est moins certain. Nous y reviendrons d’ailleurs à l’occasion du Nwywre. D’autres prétendent que ce brouillard est créé par les gens de l’Autre Monde, ceux du Sid, pour faire des incursions dans notre monde et en repartir sans être vus. Mais cela ne correspond pas vraiment à la magie druidique.

 

Enfin, quel que soit l’Elément maîtrisé par la magie druidique, il le sera par :

 

  • L’action mentale
  • Un geste
  • Une invocation

 

Toutefois, si nous n’avons pas de relation précise des techniques utilisées par les anciens Druides, ni de leurs rites, bien que l’on puisse avoir une bonne idée de leurs conceptions lorsqu’on se penche sur celles des Brahmanes, les récits légendaires irlandais tels que ceux cités ici, comblent, mais d’une certaine manière seulement, cette lacune.

 

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20/11/2014
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