Clairière UXELLIA

NOTRE CLAIRIERE UXELLIA CELEBRERA SAMONIOS LE 27 OCTOBRE 2024 è.v.

Comment peut-on encore être païen ?

Comment peut-on encore être païen ?

 

Le titre de cet article est une sorte de paraphrase d'une des plus célèbres phrases de la littérature française: "Comment peut-on être persan ?", tirée des Lettres persanes du nom moins célèbre Baron de Montesquieu.

Qui illustre, comme chacun sait, l'étonnement de bourgeois parisiens du XVIIIème siècle découvrant - avec stupeur ? - qu'il puisse exister des gens ne leur ressemblant pas.

 

Tout d’abord, l’étymologie. Païen vient de paganus : paysan, habitant de la campagne. Également : pagus, village, et par extension, lieu, contrée, région, pays.

Comme pagus était l’antithèse de la cité, de la ville, symbole d’éducation et de civilisation, le terme païen eut d’emblée une connotation péjorative, renforcée par les chrétiens pour décrédibiliser un peu plus encore les anciennes croyances et ceux qui les avaient adoptées – et qui les maintenaient vivantes.

D’ailleurs, cette connotation péjorative subsiste encore de nos jours, puisque participant à l’opposition entre monothéisme et polythéisme, et de ce fait, en notre Occident, l’opposition entre le christianisme et les religions natives.

 

Alors, vous vous dites païen ? Bien. Très bien. Nous en sommes enchantés.

Mais de quel paganisme vous réclamez-vous ? Chamanisme ? Wicca ? Asatru ? Druidisme ? Hindouisme ? Animisme ? Traditions amérindiennes ?

 

Peu importe au demeurant. Vous êtes adepte d’une religion native, vous êtes « pagan », « d’un endroit », enraciné dans votre ethnie, dans vos traditions, en harmonie avec le lieu où vous êtes né ou simplement où vous vivez.

Vous êtes donc loin de toute religion exportée, étrangère, éventuellement dite « unique et véritable », et soi-disant « universelle ».

 

Alors, pour vous, pas de Dieu créateur, pas de Fils unique, pas de Rédempteur, ni Paradis ni Enfer ?

En effet, vous êtes païen. Mais vous ne supportez pas ce sobriquet dont vous affublent les tenants des « religions du Livre », vous n’êtes pas ce rustre, cet inculte, cet ignorant, ce mécréant, que ce terme désigne, quelquefois avec commisération, condescendance, souvent avec mépris.

 

Finalement, vous êtes peut-être – sans doute, et même sans aucun doute – plus religieux, c’est-à-dire plus « relié », que bien d’autres, et en particulier que ceux-là mêmes qui vous dénigrent.

Car pour vous, il n’y a point de séparation entre le monde physique, concret en apparence, dans lequel vous vivez, et le monde spirituel. Pas de distinction entre Matière et Esprit.

Pour vous, l’esprit divin, l’énergie divine, est en tout, et partout. Dans chaque atome, dans chaque particule de matière, dans chaque grain de sable, dans chaque rocher, chaque planète, chaque constellation …

 

Quant aux Dieux et aux Déesses, ce ne sont pas, comme d’autres tenteraient de le laisser croire, des entités plus ou moins anthropomorphes, tutélaires des vents, du tonnerre, de la foudre. Non plus, comme n’importe lequel de vos congénères, des êtres susceptibles des mêmes sentiments que les humains, susceptibilité, jalousie, envie, orgueil. Vous les concevez, à juste titre nous semble-t-il, comme les multiples expressions de cette énergie universelle qui se manifeste à travers les éléments naturels. Si cette énergie s’exprime dans l’air, dans l’eau, le bois ou la roche, elle s’exprime également en vous et à travers vous, Fille ou Fils de la Terre, poussière d’étoiles.

 

Païen donc, paganiste certainement, polythéiste peut-être, car l’identification de Dieux et de Déesses différenciés a-t-elle encore un sens si on les considère comme les multiples facettes d’une énergie principielle ? Mais encore, cette définition ne vous satisfait pas ? Auriez-vous adopté une autre forme de paganisme ? Il est vrai que les formes en sont multiples. Prenons un instant pour en définir ou en rappeler les plus courantes.

  • Polythéisme : existence de plusieurs Dieux et Déesses
  • Panthéisme : Dieu est tout (Dieu est tout, ou en tout), ce qui marque la distinction par rapport au monothéisme puisque dans ce cas, Dieu est le Créateur et considéré « à l’extérieur » de sa création
  • Animisme : une âme anime tous les êtres vivants, mais aussi la matière inanimée, la pierre, le bois, l’eau, le vent …
  • Hénothéisme : Un Dieu joue un rôle prépondérant par rapport aux autres, d'où un culte préférentiel.

Alors, "religion du pays", "religion du sol", "religion native", telle est la religion des Celtes, des Gaulois, notre religion, dont les prêtres n'ont rien couché par écrit, et pour laquelle il est difficile de se faire une idée très précise tant les témoignages archéologiques sont rares, et souvent difficiles à interpréter.

 

Oui, le Druide est païen, il reconnaît la présence divine – ce que personnellement nous appelons la Grande Intelligence Organisatrice – l’énergie animatrice et organisatrice, en chaque être, en chaque chose, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, et qui se manifeste de multiples manières.

Que nos Anciens ont voulu désigner sous le nom des Dieux et des Déesses.

 

 La Nature n’est pas assujettie à l’homme, puisqu’il fait partie intégrante de cette Nature. Les animaux ne sont pas des êtres inférieurs, ils sont, au même titre que l’homme, sur la voie de l’évolution. L’homme aurait d’ailleurs bien souvent des leçons à prendre d’eux.

 

Alors, « comment peut-on encore être païen ? »

 

Ne vaudrait-il mieux pas dire, maintenant :

 

« Comment peut-on encore ne pas être païen ? »



30/07/2013
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