Clairière UXELLIA

Les cinq éléments

(2^ème partie)

La Terre

Rappelons tout d'abord que la partition en quatre éléments n'est qu'une hypothèse datant au moins de 2500 ans puisque les philosophes grecs du Vème siècle avant notre ère en faisaient mention dans leurs écrits et enseignements.

Ces quatre éléments, respectivement la Terre, l'Eau, l'Air, et le Feu, étaient considérés comme constitutifs de la Matière organisée, et présents, dans des proportions plus ou moins variables, dans tous les matériaux, ou corps premiers, composant notre environnement terrestre.

À ces quatre éléments étaient associées des qualités, partagées elles aussi dans des proportions variables, et qui étaient caractérisées par les aspects chaud, froid, humide, ou sec.

Une représentation traditionnelle de ces associations est sous la forme du tableau suivant:

Ainsi, on pouvait dire que:

• La Terre est sèche et froide
• L'Eau est froide et humide
• L'Air est humide et chaud
• Le Feu est chaud et sec

Les Alchimistes utilisèrent bien évidemment cette conception symbolique.

En Occident, pendant des siècles, a prévalu la vieille conception des quatre états de la Matière, sous l'apparence générique des éléments Terre, Eau, et Air, auxquels vient s'ajouter le Feu, qui permet de passer de l'un à l'autre.

Dès le début de cette étude, nous avons parlé de cinq éléments, le cinquième étant l'Ether, décrit comme étant la Farine de l'Air, ou Quintessence. Nous y reviendrons.

Notons toutefois au passage que les cinq éléments dont nous parle la médecine chinoise (Bois, Feu, Terre, Métal, Eau) sont tout à fait différents de ceux dont nous traitons ici, et sont reliés à des énergies particulières associées aux organes vitaux: Foie, Cœur, Rate/Pancréas, Poumons, Reins.

Mais nous ne nous attarderons pas sur cet aspect.

Revenons à la Terre (de nos Cinq Eléments).

Lorsqu'on chauffe (élément Feu) un liquide (élément Eau), il vaporise (élément Air) et peut laisser un résidu (élément Terre).

De même, pour les minerais métalliques, la fusion, libérant un gaz, les fait passer de l'élément Terre à l'élément Eau avant le refroidissement du métal extrait de sa gangue.

Les solides peuvent donc être liquéfiés, les liquides être vaporisés, devenir des gaz, et ces gaz se corporifier de nouveau en liquide.

Les caractères de la Terre sont la lourdeur, la pesanteur, la compacité, la finitude. Elle est naturellement associée à la Matière.

Depuis la plus haute Antiquité, la terre était considérée avec le plus grand respect: elle était la source de toute vie, car elle donnait naissance aux arbres, aux plantes, à tout ce dont nos ancêtres avaient besoin pour se nourrir et s'abriter. D'où l'idée selon laquelle la terre était un élément de base constitutif de toute matière.

D'ailleurs, né de la terre ("poussière tu es"), l'homme ne doit-il pas y retourner lorsqu'il se désincarne ("poussière tu retourneras") ?

Il faut noter au passage que dès le cinquième siècle avant notre ère, Empédocle, puis Démocrite, avaient eu la prescience de la constitution de la Matière, en décrivant celle-ci comme un assemblage de particules trop petites pour être visibles, et se présentant comme les unités de base de cette Matière (les "briques" constitutives), indivisibles, insécables, d'où leur nom atomos, qui donna le terme d'atomes.

Entre ces particules, rien, un espace vide. La Matière était donc considérée comme discontinue, ce qui était en opposition avec la conception aristotélicienne qui affirmait la continuité de la Matière.

Considérée avec respect, donc, par nos Anciens, et en d'autres termes la Nature, Dame Nature, la Terre-Mère, la Grande Mère. C'est donc la Grande Déesse.

Que l'on ne s'y trompe pas, les différentes religions qui se sont succédé sur notre globe ont très souvent dit la même chose, avec des mots quelquefois différents, mais adaptés au langage et à la culture des hommes de chaque époque. De plus, tout comme les civilisations, chaque religion cherchant à s'implanter a repris une partie des symboles, des dates et des rites de celle qu'elle a pour dessein de remplacer.

Cybèle, dont le nom signifie "Gardienne des Savoirs", considérée – elle aussi – comme la Grande Déesse, ou Déesse Mère, représente la Nature sauvage.

Déméter, la "Terre Mère", ou la "Mère de la Terre", est la déesse de l'agriculture et des moissons.

Dans la religion catholique, on révère la vierge Marie, "Mère mais toujours vierge". Mais aussi les vierges noires, dont la connaissance et la vénération remontent à la nuit des temps puisqu'autant les trouve-t-on ailleurs dans le monde antique, comme par exemple dans l'antiquité égyptienne, avec Isis ("Isis la Noire"), mais aussi, plus proche de nous, Sara e Kali (Sarah la Noire en langue romani, c'est-à-dire des Roms).

Juste une parenthèse: la déesse Kali (Hindouisme) avait pour autre nom Shakti, ce nom désignant l'énergie dynamique féminine, associée à l'énergie de la Kundalini (serpent). Nous retrouvons chez nous cette notion dans la Vouivre, Serpent ou Serpente circulant dans le sol, donc dans la Terre.

Quels que soient les noms, les lieux, les groupes humains et les époques, ne parle-t-on pas de la même chose ?

Pour en rester aux vierges noires, et terminer sur ce point, ces dernières ne seraient rien d'autre que la réminiscence des Déesses-Mères de la fécondité, présidant à l'implantation de nombreuses églises romanes lesquelles, on le sait, conservent gravé dans leurs pierres le souvenir des antiques conceptions celto-druidiques. Et là, on constate que ces édifices, au-delà de leur fonction de simples lieux de prières, ont essentiellement pour but de mettre en harmonie l'Homme avec les énergies circulant au lieu de leur édification.

C'est-à-dire les énergies telluriques, les énergies de la Terre.

Druide /|\\Arzh Gadarn