Réflexions autour de Belotennia
Cette année, Belotennia a été célébrée loin de chez nous.
Ce premier jour de la période claire s'est levé difficilement, comme à regrets.
Le ciel était très bas, gris sombre, chargé d'humidité.
Et pourtant, le Printemps était là pour de bon, à en juger par bourgeons, feuilles et fleurs déjà déployés et épanouis. Mais Belenos, comme ensommeillé, ne nous a pas gratifiés de ses feux.
En Bretagne, nous avons toujours fait la distinction entre l'être divin et l'astre physique qui nous réchauffe, puisque Belotennia, Beltaine - ou Beltane - c'est pour nous Bel Tan, ou Bel(en) Tan, le Feu de Belen ou Belenos, ce feu immatériel dispensateur de toute énergie et de toute protection comme il est dit dans la prière du matin:
"Devant toi je m'incline, ô Belen, Protecteur du Monde".
Pour nous donc, il y a d'un côté Belenos, Belen, Bel, le "Lumineux", le Dieu de la Lumière et du Feu, et de l'autre l'astre, l'étoile centre de notre système solaire, que l'on nomme Heol en langue bretonne.
Par conséquent, on dit:
- Belenos, je m'incline devant toi
- Heol brille aujourd'hui
Nous avons donc célébré Belotennia en Angoumois, première étape avant notre destination finale qui était le pays cathare.
Comme les choses sont curieuses quelquefois: nous avions le sentiment très fort, considérant les dernières braises du feu rituel, de laisser derrière nous trace de notre passage, témoignage d'un Druidisme toujours vivant, manifestation de l'esprit celte d'un peuple qui s'ignore lui-même et qui se renie souvent à ses propres yeux.
C'est cela qui est attristant: la perte de son identité, l'oubli de ses traditions - ou de sa Tradition - même si certaines traditions locales s'expriment encore à travers quelques fêtes maintenues, quoique incomprises, en dépit des efforts opiniâtres d'un clergé catholique obstiné.
Encore que ...
Nous connaissons personnellement quelques représentants de ce clergé qui ne sont pas si inféodés que cela au dogme de Rome. D'une manière officieuse, bien sûr.
Et les conversations que nous avons pu avoir, en privé, autour d'une bolée de cidre accompagnant des galettes dites de "blé noir", étaient autant révélatrices qu'enthousiasmantes et enrichissantes.
En début de rituel, la flamme nouvelle a bien été - abstraction faite des conditions météorologiques - symbole de la période claire qui s'annonce. Et nous n'avons pu que faire le parallèle avec cette deuxième demande de célébration de mariage druidique qui nous a récemment été soumise, ainsi qu'avec ces trois sollicitations également récentes d'entrée dans notre Cercle.
Nous savons que bien d'autres Clairières connaissent actuellement de telles sollicitations révélatrices elles aussi d'un rapprochement avec notre grande et ancestrale Tradition, qui témoignent d'un besoin de retour à quelque chose de vrai, de profond, de naturel, d'authentique.
Pour beaucoup, les "religions du Livre" ont fait leur temps car ne répondant plus aux attentes et aux nécessités de notre époque. cette époque de veulerie où les points de repère disparaissent peu à peu, où les valeurs - les vraies valeurs ancestrales et traditionnelles - sont reniées, bafouées, voire inversées.
Belotenia, le seuil de la période claire, porte temporairement ouverte sur l'Au-delà, sur le monde de nos disparus, de nos Anciens desquels nous pouvons attendre Conseil, Inspiration et Sagesse - il suffit de savoir le demander - c'est une nouvelle étape de notre progression, une nouvelle Lumière qui s'est allumée pour éclairer notre Chemin comme notre monde intérieur.