Clairière UXELLIA

NOTRE CLAIRIERE UXELLIA CELEBRERA SAMONIOS LE 27 OCTOBRE 2024 è.v.

Druidisme et New Age

Druidisme et New Age

 

Ce curieux rapprochement avait déjà été fait en son temps et à de multiples reprises, autant sur le forum Druuidiacto que sur celui du Comarlia, autant en ces termes précis qu’en essence lorsqu’un débat s’était ouvert – et ré-ouvert – sur ce qu’on a pour habitude de nommer le néo-druidisme.

 

Comme chacun le sait, le préfixe « néo » signifie « nouveau ». Mais il a le plus souvent la connotation « à l’imitation de », sans pour autant être péjoratif.

Un exemple rapide : l’architecture néogothique, qui n’est pas éloignée du style gothique, mais qui n’en est pas pour autant. Rappelons pour mémoire que le gothique, en tant qu’art architectural, prit naissance au XIIème siècle, et s’étendit approximativement sur une période de quatre siècles.

Le néo-gothique, lui, apparut au milieu du XVIIIème siècle, ce qui fait tout de même un écart de près de trois siècles entre l’extinction du premier et la naissance du second, qui ne vit son essor véritable qu’au cours du XIXème siècle. S’il ressemble au pur gothiques, il n’en diffère pas moins par nombre d’éléments comme l’orientation, les proportions, les détails architecturaux à commencer par le sens des sculptures, et même, si l’on va au fond des choses, à l’idée directrice.

 

Cet avant-propos n’a pour but que d’illustrer au préalable ce qui va suivre, et d’établir un parallèle avec tous les « néo quelquechose » que l’on peut rencontrer en général.

 

Puisque nous en sommes aux définitions, peut-être est-il bon d’en donner deux autres, celles justement qui font le titre de ce Topic.

 

Commençons par le Druidisme, même si cela peut surprendre, faire sourire, choquer peut-être.

Le Druidisme ? Mais voyons, tout le monde ici sait très bien ce que c’est !

Sans doute, cela va sans dire, mais il est toujours bon de préciser les choses, ou de les repréciser, même si cela concerne des points connus, admis, acquis par tous et depuis longtemps, n’est-ce pas ? Cela ne sera pas une perte de temps.

 

Le Druidisme historique était à la base la religion des peuples celtes. Le prêtre celte, le prêtre gaulois, le Druide au sens large (bien que l’équivalence de termes ne soit pas forcément appropriée car ce dernier recouvrait plusieurs fonctions, dont la fonction sacerdotale) était donc chargé de la célébration des cérémonies, lui seul (?) ayant le droit de procéder aux sacrifices. En réalité, il semble bien que cela fut le rôle de ceux que l’on appelle Vates, mais conservons le schéma traditionnel.

 

Depuis, extinction, puis résurgence, à plusieurs reprises, de cette vieille religion. On parle au minimum des périodes de la renaissance du Druidisme, puis du néo-druidisme, puis maintenant du Druidisme contemporain.

Au dix-huitième siècle, résurgence dite officielle du Druidisme, avec les trois filiations bien connues : Toland, Hurle, Iolo Morganwg, desquelles se réclame la pluralité des groupes actuels.

Période de reconstruction, en parallèle avec l’essor de la Franc-Maçonnerie.

 

Aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, grande période, dite romantique, où se font jour des définitions de cette religion s’appuyant sur des conceptions que nous dirons plus que largement erronées et éloignées de la vérité historique. Et c’est à partir de ces conceptions que se sont bâtis les enseignements des multiples Collèges et Clairières que nous connaissons aujourd’hui.

 

Maintenant, le New Age.

Ce mouvement, étendu à l’échelle internationale, est intimement lié au passage à l’ère du Verseau.

Ce n’est pas une religion. Même pas une philosophie. C’est un nouveau paradigme, une nouvelle représentation du monde, un nouveau système de valeurs, où se combinent de manière floue et non structurée un amalgame d’innombrables conceptions et pratiques issues de divers courants de pensée et de traditions religieuses orientales, mais aussi, quelquefois, d’inspiration vaguement chamanique.

 

On peut dire que ce mouvement prit ses racines à la fin du XIXème siècle, mais se développa essentiellement au cours du XXème. Chacun se souvient, entre autres, du mouvement Hippy (Flower Power), des chemises à fleurs, de la vogue des drogues dites douces (psychédéliques) comme le LSD ou la marijuana (la célèbre marie-jeanne), du slogan « Peace and Love » inscrit sur tous les murs, etc.

 

Alors bien sûr, il s’agissait d’ouvrir l’esprit sur une autre perception de soi et du monde. Et ce vaste courant venait remplacer le message de religions qui avaient fait leur temps, dont les dogmes et les poncifs étaient considérés comme décalés par rapport à la crise existentielle de notre monde en constante évolution.

 

Au-delà de son aspect folklorique, qui fait encore plus ou moins recette de nos jours avec entre autres le retour de tenues vestimentaires inspirées des années 70, il s’agissait d’une tentative de réenchantement du monde face aux idéologies considérées comme dépassées, et surtout en rejet d’un monde matérialiste uniquement préoccupé par la consommation et par l’argent ou l’accumulation de biens.

 

Bouddhisme et Hindouisme ont été largement sollicités, selon le vieux principe selon lequel l’herbe est plus verte de l’autre côté de la barrière. Et de multiples vocations de gourous auto-proclamés ont surgi comme champignons après la pluie, repérables aussi bien par la longueur de leur barbe et de leur chevelure que par l’étroitesse et le manque de profondeur réelle de leur discours, en dépit des apparences.

 

Gardons-nous bien de critiquer vertement toutes ces démarches, de celles et de ceux qui avaient dix-huit ans en 1968, car elles furent l’expression d’une recherche la plupart du temps sincère, résultant d’une insatisfaction généralisée relative au monde froid et égoïste, mécanisé, pas encore informatisé mais en passe de le devenir, dont la préoccupation première, comme dit plus haut, était l’assouvissement immédiat des envies et des besoins strictement matériels.

 

Car finalement, la vision et l’observation de ce foisonnement d’idées et de conceptions vaguement révolutionnaires – sans l’être – était et demeure assez inoffensif par leur aspect gentillet et exotique.

 

Ce qui l’est moins, c’est lorsque l’on tente de faire passer ces idées pour un enseignement traditionnel, qu’il s’agisse de Druidisme ou de toute autre Voie spiritualiste, voire mystique. Car malheureusement, le Druidisme n’a pas échappé à l’effet de mode.

 

En effet, faute de documents formels, factuels, nous renseignant avec précision sur la pensée profonde de nos grands Anciens ainsi que sur la teneur réelle de leurs rituels, il nous faut, non pas  réinventer le Druidisme à partir de rien, c’est-à-dire en se basant sur des concepts purement contemporains et forcément en décalage avec les connaissances et le mode de pensée de  nos lointains ancêtres, mais en cherchant, retrouvant et exploitant toutes les données fournies par les découvertes de l’histoire – voire celle comparée des religions – de l’astronomie, de la linguistique, et de l’archéologie. A cela, on peut ajouter la botanique, avec les plantes connues et utilisées jadis par nos prédécesseurs, non pas que cette matière soit une partie constitutive de l’antique religion – bien que celle-ci ait été et demeure une religion native – mais simplement parce que c’était une composante de leur manière de penser et de vivre, ainsi qu’une aide appréciable dans les soins qu’ils prodiguaient.

 

Un Druide contemporain se doit donc, non pas d’inventer, mais de faire l’effort d’apprendre pour comprendre et de comprendre pour transmettre.

 

Une étude sérieuse des textes anciens, bien que tardifs, de la mythologie, des grands mythes et de l’histoire de la civilisation celtique est alors un minimum requis pour qui veut apprendre et comprendre. Il s’agit d’un travail important de reconstitution, sachant que de toute façon, cette reconstitution sera imparfaite, sinon même partielle dans certains domaines, car il nous faut malheureusement faire l’impasse sur nombre de données tangibles pour lesquelles nous ne pouvons que conjecturer.

 

Notre Frère Connedos est fort proche de notre pensée lorsqu’il écrit :

 

« Nous sommes qu'on le veuille ou non "condamnés" à adapter ce qui nous est parvenu. Mais avec des conditions incontournables qui sont pour moi rigueur (plutôt que rigidité), cohérence et authenticité. Toutefois, ce que j'entends par rigueur et authenticité ne signifie pas reproduire à l’identique ce qui se faisait et dont nous ne savons rien, il s'agit de lancer un pont par-dessus les siècles pour trouver des racines qui pourront nous nourrir aujourd'hui, racines matérielles et mythologiques vivifiées par la Lumière de l'Awen omniprésent et intemporel. »

 

« L'Awen semble par ailleurs avoir été mentionné au IX° siècle dans les écrits de Nennius. Il représente l'inspiration poétique du Barde; on dit même qu'il est l'objet d'une Quête en lui-même. »


« Personnellement, j'en adopte l'étymologie qui se décline en "souffle", "inspiration", etc; un des aspects ou "moyens" de recevoir du monde intangible par le biais de cette connexion intime mentionnée plus haut. »

 

Bien sûr qu’il ne faut pas inventer ou réinventer le Druidisme antique, bien sûr qu’il faut adapter ce que l’on a appris de ce qui nous en est parvenu, car l’homme et sa mentalité auront changé au fil des siècles, car le monde change, car l’univers lui-même change…

Tout change, tout évolue…

 

Appuyons-nous donc sur nos connaissances, sur notre raisonnement, sur notre inspiration, sur l’Awen.

 

Cela dit, il faut se garder de mélanger les enseignements issus de différentes traditions, car de notre point de vue, il est nécessaire de demeurer le plus proche possible de la réalité, être réaliste et crédible, autant que faire se peut, vis-à-vis de nous-mêmes, vis-à-vis de nos Marcassins, vis-à-vis des autres Collèges, comme vis-à-vis du monde extérieur.

 

Alors, dans ces pratiques New Age présentées comme plus ou moins celtiques on retrouve souvent un melting pot d’idées vaguement chamaniques, de land art initiatique, de voyages dans l’astral et autres channelings…

Sans nier l’éventuel intérêt de tout ceci, et en même temps sans ignorer les nombreuses illusions possibles, il faut être conscient que cela n’a rien à voir avec le Druidisme, sa Tradition et son enseignement ; mais après tout, rien n’empêche quiconque d’en explorer les sentiers tant qu’il ne s’agit que d’à côtés, et tant que cela n’est pas présenté, aux yeux des Marcassins comme aux yeux du public, comme du Druidisme.

 

Ce qu’Artio confirmait il y a quelques mois lorsqu’elle écrivait :

 

« nous voyons arriver depuis quelque temps beaucoup de gens qui, confusément veulent se joindre à notre clairière en pensant que leur activité new âge est à considérer comme étant traditionnelle; ils veulent donc exprimer leur savoir dans le cercle dès qu'ils y entrent et espèrent bien faire évoluer les pauvres druides rétrogrades qui ne font pas partie de cette nouvelle génération de gens évolués. 
C'est une chose que de faire des amalgames de tout et de rien...nous respectons leur choix... toutefois notre démarche, et c'est ce que nous essayons d'expliquer à nos visiteurs, c'est que nous cherchons les réponses dans les Traditions Authentiques. »

 

Or, trouver des réponses dans une Tradition authentique comme le Druidisme, c’est d’abord et avant tout un grand travail personnel et patient dans les pas et sous la direction d’un Sanglier qui, lui, a déjà eu un long cheminement.

 

Encore faut-il que ce dernier ne se soit pas lui-même égaré dans les méandres des « trucs » à la mode.

 

Enfin, le mot de la fin pourrait être donné à notre Frère Auetos sur son site Druuidiacto:

 

ne dites pas que cela est du druidisme. Appelez ça comme bon vous sembles mais pas druidisme !

 

 

 



22/09/2015
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